Infrasim

Actualités

La dégradation du patrimoine routier se poursuit  

Isabelle Verbaere, La Gazette

La cinquième édition du rapport de l’Observatoire national des routes (ONR), rendu public jeudi 25 novembre, conclut à une dégradation du réseau routier. Pourtant les investissements de l’Etat et des collectivités augmentent, mais ils ne semblent pas à la hauteur de l’enjeu. 

patrimoine routier

68 départements et 11 métropoles ont alimenté l’enquête de l’ONR, données auxquelles s’ajoutent celle du réseau non concédé de l’Etat. Ce qui représente plus de 280 000 km de voirie cette année. Le constat est inquiétant. « Le patrimoine routier français est évalué à 2000 milliards d’euros, or on est aujourd’hui à environ 2 milliards d’investissements par an, soit un pour 1000 », relevait Didier Colin, directeur général de l’Institut des routes des rues et des infrastructures pour la mobilité (Idrrim) lors de la présentation de la cinquième édition du rapport de l’Observatoire national des routes (ONR) jeudi 25 novembre 2021.  

Dans une situation où l’on fait face à des investissements insuffisants, mais que l’on doit entreprendre des travaux afin de limiter les détériorationsmettre en place un plan pluriannuel d’investissement (PPI) prend tout son sens. En effet, la mise en place d’un PPI dans le cadre d’une stratégie plus préventive des infrastructures routières permet aux gestionnaires plus de visibilité sur le long terme et une meilleure maîtrise des risques à court et moyen terme.  

« Surcoût des travaux »

Et cette enquête montre que, faute de financement suffisant, les ouvrages d’art et le réseau routier continuent à se dégrader. Cette situation interroge d’autant plus que l’ONR observe que les investissements ramenés à l’habitant, pour tous les départements par exemple, sont en hausse de 20 % entre 2016 et 2019. « Cette remontée des investissements peut correspondre à un surcoût des travaux, remarque Didier Colin. Cela ne signifie pas qu’on a investi plus dans les routes ». 

Tous les réseaux sont concernés par cette dégradation lente et continue. Celui de l’Etat d’abord. La proportion des chaussées détériorées est passée 16,75 % en 2016 à 19,3 % en 2020. Elles sont renouvelées tous les 20, 25 ans en moyenne contre 13,3 ans pour celles des départements et 13,5 pour celles des métropoles. « L’ Etat n’entretient pas moins bien ses chaussées, a remarqué Didier Colin. Les travaux sont plus compliqués à mettre en œuvre sur ce réseau qui, bien qu’il ne représente que 11 000 kilomètres, accueille 45 à 50 % du trafic. Du coup, la stratégie est plutôt de faire des chaussées plus solides qui durent plus longtemps ». 

L’ Etat consacre en moyenne 6 fois plus de moyens au kilomètre que les départements à son réseau. « Des travaux de nuit sous circulation sur une section de périphérique urbain n’ont évidemment pas le même coût que des travaux de jour sur route départementale », souligne l’ONR dans son rapport. 

La dégradation se poursuit aussi sur les routes départementales. La part en mauvais état passe, en un an, de 12,4 % à 14 %. Elle touche particulièrement le réseau de catégorie 3, en particulier depuis 2018, alors qu’il avait connu une légère amélioration les années précédentes. Quant au réseau des métropoles, il est plus abîmé que celui de l’Etat ou des départements, les détériorations touchant surtout le réseau structurant. Ce qui n’est pas surprenant : comme celui de l’Etat, il supporte un fort trafic et les contraintes pour réaliser des travaux sont importantes. 

Nouvel outil d’enquête

L’ONR a interrogé les gestionnaires sur leur perception de l’évolution de la santé de leurs patrimoine routier sur la période 2019-2020 et, notamment, ceux des métropoles. « Personne n’a l’impression que son réseau s’est amélioré, détaille Didier Colin. Au mieux, il s’est stabilisé pour 33 %, et, pour 11 % des répondants, il s’est dégradé. Il y en a plus de la moitié qui ne sait pas répondre à la question. Ce qui interroge sur la connaissance par le gestionnaire lui-même de l’état de son patrimoine ». 

 Depuis 2021, l’ONR a développé un outil d’enquête qui permet aux gestionnaires de saisir à la fois les données directement dans l’outil, y compris en plusieurs fois, parce qu’ils ont un compte. Ils peuvent aussi les archiver d’une année sur l’autre et donc avoir à disposition l’historique des informations qu’ils ont saisies et produire des graphiques en temps réel. « Nous sommes en train de développer une nouvelle fonctionnalité qui leur permettra    d ’établir des comparaisons entre collectivités, conclut Didier Colin. Avec des données agrégées qui ne permettent pas d’identifier leurs sources ». 

Ce rapport démontre un double enjeu. Tout d’abord un besoin d’investissements encore plus conséquents pour l’état et les collectivités afin de s’articuler dans une dynamique d’amélioration de l’état du patrimoine. Mais l’enjeu plus prioritaire auquel fait face tout gestionnaire, est de mettre en place une trajectoire d’investissement prédictive basée sur le meilleur ratio coût performance et risque pour gérer les conséquences du sous-investissement chronique de ces dernières décennies. Certains bons élèves se sont inscrits dans une telle dynamique les conseils départementaux des Côtes-d’Armor (22), de la Meuse (55) et prochainement de la Yonne ont déjà décidé de mettre en place une solution française dédié pour gagner en efficience et répondre à ces enjeux décisionnels sur l’ensemble de leurs territoires. La Banque des Territoires s’appuie notamment sur cette solution pour permettre gratuitement aux collectivités de simuler en ligne les besoins d’investissements liés aux es ouvrages d’art. .  

Par ailleurs, à partir de 2022, l’observatoire indiquera l’état des ouvrages d’art des collectivités, grâce aux données du programme national Ponts opéré par le Cerema. 

Infrasim

Contact

 

Suivez-nous

Laisser un commentaire